Les utopies dans la littérature et la bande dessinée
Dans la littérature, il est possible de réfléchir sur la notion d’utopie à partir d’un grand nombre d’oeuvres :
Parmi les utopies anciennes gréco-latines :
- Les jardins d’Alkininoos dans l’Odyssée par Homère
– République de Platon
– L’Assemblée des femmes d’Aristophane avec l’utopie égalitaire
– Diodore de Sicile avec les Héliopolites, habitants des îles du soleil, île du bonheur intégral
– Les métamorphoses d’Ovide où une société apparait sans armes, vouée à l’économie de la cueillette
Parmi les utopies modernes :
- L’île d’Utopia par Thomas More
– La cité du soleil de Tommaso Campanella
– Gargantua avec l’Abbaye de Thélème par Rabelais
– La nouvelle Atlantide par Francis Bacon
Bande dessinée futuriste autour de la cité utopique :
– Les cités obscures de Schuiten et Peteers
Ville durable est-elle une cité utopique ? Réflexion possible à faire avec des élèves à partir de la saline et de la BD
- Ecoloville deJean-Yves Duhoo : bande dessinée qui soulève les problèmes que pourrait rencontrer une ville qui se veut complètement durable et écologique
- Un autre monde est possible ? de Pierre Cattan
- Les déserteurs deChristopher Hittinger
Filmographie :
- Alphaville de Jean-Luc Godard
- Le 5è élément de LucBesson
LA CITÉ UTOPIQUE AU CINÉMA
Urbanisme
Dans le cinéma, la fabrication de la ville relève de l’aléatoire et du volontarisme ou d’un mélange des deux. La ville se fait en fonction des logiques foncière, économique, politique, esthétique… Le centre de documentation sur l’urbanisme détient des fiches sur des films qui traitent de la ville ou de l’architecture.
Science-fiction et utopie
Thomas More (1478-1535), auteur en latin de L’Utopie. Discours du très excellent homme Raphaël Hythloday sur la meilleure constitution d’une république, publié à Louvain en 1516. Texte construit en deux parties :
- 1ère partie décrit l’Angleterre de l’époque et dénonce les injustices entretenues par les puissants au détriment des humbles, certains chassés par les enclosures et réduit à la mendicité (interdite).
- 2nd partie : présentation en détail de l’île d’Utopia, qui ne figure sur aucune carte et dont la population semble ne manquer de rien et vivre en harmonie.
Différentes utopies : religieuse, politique ou sociale. Ces textes analysent de manière critique la société existante et préconisent des mesures radicales pour réaliser le bonheur de tous. Il faut pour cela mieux gouverner, favoriser la justice et l’égalité mais aussi changer les comportements et les mentalités des hommes. L’éducation est aussi une notion importante de ce système. Robert Owen (1771-1858), Charles Fourier (1772-1837) ou André Godin (1817-1888) misent sur la pédagogie libératrice pour révéler les talents cachés des enfants.
Fourier parle de « l’attraction passionnée » qui vise à faciliter l’accès aux plaisirs des phalanstériens au-delà des contraintes de la morale imposée par la société bourgeoise. Il imagine un phalanstère (vaste palais du peuple), entouré d’un parc où chacun trouve sa chambre et des pièces spécifiques pour chaque activité reliées entre elles par des galeries. Les Utopistes décrivent peu leur ville imaginaire mais plus les réformes. Sauf :
- Etienne Cabet = Icarie (1840)
- Tony Moilin = Paris en l’an 2000 (1869)
- André Godin = familistère à Guise (Aisne)
Les autres se contentent de villages avec des activités artisanales.
Le cinéma n’a pas exploité ni Fourier, ni Cabet ou More. Mais d’autres films partisans :
- d’une utopie ruraliste : Le Bonheur/Schaste d’Alexandre Medvedkine en 1934
- d’une utopie naturaliste : El Paraiso Recobrado de Xavier Güell en 1935
- d’une utopie libertaire : La Cecilia de Jean-Louis Comolli en 1975
- d’une utopie contestataire : More de Barbet Schroeder en 1968 et Mister Freedom de William Klein en 1970
Pas de film avec un genre « la ville utopique » sûrement car les auteurs utopistes sont avares de descriptions pour la bâti et pour l’architecture. Ils se soucient plus des relations entre les personnes, des modalités de pouvoir. C’est la littérature de science-fiction qui nourrit le cinéma d’anticipation en conjuguant critique sociale, déploiement de technologies, mutation génétique, robotisation, conquête spatiale…
Metropolis de Fritz Lang 1927 tiré du roman de Thea von Harboudont la mégalopole s’inspire de celle qui est décrite par Wells dans Quand le dormeur s’éveillera (1899). Metropolis est une ville double :
- côté de la lumière avec des jardins, du loisir, qui est réservé à ceux qui dirigent
– la ville souterraine dans laquelle des milliers de travailleurs s’esquintent sur des machines.
Une jeune ouvrière, Maria,tente de contenir la révolte qui gronde, de peur d’un massacre. Le chef demande à une sorte de savant fou de créer un automate de la jeune fille et d’inciter à la fronde afin de les Soumettre encore plus au système productif. Le plan échoue. C’est une déshumanisation par l’emprise des machines
Dans le cinéma, la ville du futur est haute et massive. La ville est souvent divisée en deux avec une partie pour les dirigeants et l’élite contre celles des pauvres et nantis. Bipolarisation de la ville.